I. Introduction
Sur la côte-sous-le-Vent de la magnifique Guadeloupe, s’étendant sur une cinquantaine de kilomètres de Vieux-Fort à Deshaies, la pêche artisanale se dévoile comme une activité ancrée dans les traditions locales.
Entre criques découpées et anses pittoresques, cette côte est le théâtre d’une activité maritime dispersée, où les pêcheurs naviguent à travers un plateau continental étroit.
Dans cet article, nous plongeons dans l’univers singulier de la pêche sur la côte-sous-le-Vent, explorant tant les défis inhérents à sa géographie que les techniques et embarcations empreintes de traditions.
De la richesse des criques à l’étroitesse des plateaux continentaux, découvrons ensemble les contours de cette activité qui façonne la vie des communautés côtières.
II. Le plateau continental étroit
La côte-sous-le-Vent de la Basse-Terre, déployant son panorama côtier à l’ouest du massif volcanique, présente une particularité géographique significative : un plateau continental étroit qui influence de manière notable l’activité de pêche locale.
A. Description du plateau continental à l’ouest de la Basse-Terre
Lorsqu’on considère la distance du rivage à la ligne des 200 mètres, délimitant souvent le « rebord continental », une réalité émerge : le plateau continental est peu étendu.
Cette distance, ne dépassant pas 2 à 3 milles marins, contraste avec les 5 à 10 milles marins observés dans le secteur est de la Basse-Terre et au sud-est de la Grande-Terre.
Ce phénomène réduit significativement les zones où les pêcheurs peuvent opérer de manière productive.
De plus, à l’intérieur même de cette côte, une disparité dans la largeur du plateau continental se manifeste.
La zone Nord bénéficie d’un plateau plus étendu, alors que la zone Sud, approximativement centrée autour de Bouillante, présente un plateau plus étroit.
Cette différence a des conséquences directes sur les opportunités de pêche et les types de poissons accessibles.
B. Différence de largeur du plateau entre la zone Nord et la zone Sud
La variation dans la largeur du plateau continental crée des conditions diverses pour les pêcheurs.
Dans la zone Nord, où le plateau s’étend davantage, les pêcheurs ont accès à des zones plus vastes et diversifiées, potentiellement plus propices à la pêche.
En revanche, dans la zone Sud, le plateau plus étroit limite les possibilités, influençant le choix des zones de pêche et les espèces ciblées.
C. Impacts sur les zones de pêche productives
L’étroitesse du plateau continental n’est pas sans conséquences sur l’activité de pêche.
Les pêcheurs se trouvent confrontés à des zones restreintes où la productivité marine est parfois limitée.
Cette réalité géographique contribue à façonner les pratiques de pêche locales et souligne l’importance des initiatives de développement pour pallier ces limitations.
Dans le contexte de la côte-sous-le-Vent, la géographie maritime joue un rôle crucial dans la définition des zones d’activité et des défis auxquels les pêcheurs font face au quotidien.
III. Les embarcations et techniques de pêche
La pêche artisanale le long de la côte-sous-le-Vent de la Guadeloupe est caractérisée par l’utilisation de diverses embarcations et techniques, alliant héritage culturel et adaptation aux réalités contemporaines.
A. Les principaux types de bateaux utilisés
- Canot saintois : un héritage de l’archipel des Saintes Le canot saintois, élaboré selon des méthodes traditionnelles héritées de l’archipel des Saintes, demeure le principal type de bateau employé. Construit en bois local tel que le poirier, l’acajou rouge, ou le gommier rouge, ce canot, non ponté et de petite taille (longueur variant de 3,5 mètres à 6 mètres), incarne l’authenticité de la pêche locale. Cependant, de nouvelles pratiques voient émerger des barques en contreplaqué marine et en plastique, plus robustes en milieu marin, bien que parfois moins enracinées dans la tradition.
- Équipement des bateaux pour la pêche côtière Dotés de moteurs hors-bord d’une puissance variant entre 9,9 et 85 chevaux, ces bateaux sont spécifiquement adaptés à la pêche côtière. L’absence de moyens de conservation à bord impose aux pêcheurs de retourner au port après quelques heures, prévenant ainsi la détérioration des prises et facilitant leur vente dans les plus brefs délais.
B. Diversité des techniques de pêche
- La nasse : héritage des Indiens Caraïbes Ancienne technique de pêche remontant aux Indiens Caraïbes, la nasse est largement utilisée le long de la côte-sous-le-Vent. Elle permet la capture de poissons d’espèces benthiques ainsi que de langoustes. Les casiers sont déployés à proximité de la côte, mais également sur des fonds plus éloignés, jusqu’à 150 mètres de profondeur, dans les zones appelées bancs ou secs. Certaines zones, comme Deshaies et Vieux-Fort, sont particulièrement propices à cette pratique, attirant les pêcheurs pendant la période d’août à décembre.
- La pêche à la ligne : lignes de fond, traîne, palangre Les pêcheurs sur la côte-sous-le-Vent utilisent une gamme variée de techniques de pêche à la ligne, adaptées aux différentes profondeurs et espèces ciblées. Les lignes de fond, munies de 10 à 15 hameçons, sont couramment utilisées pour la pêche benthique sur des fonds rocheux et des bancs. La traîne, considérée comme la plus noble et rentable, vise les poissons pélagiques en direction du Nord, vers Montserrat et Antigue. La palangre, moins pratiquée, est déployée de décembre à mai.
- Les filets : trémail, senne Les filets, particulièrement utilisés dans la partie Sud de la côte-sous-le-Vent, offrent des méthodes de pêche diversifiées. Le trémail, mouillé le soir aux abords des côtes et relevé tôt le matin, varie en longueur entre 100 et 300 mètres en côte caraïbe, permettant la capture de divers poissons de fonds. La senne, pratiquée dans les petites anses de la côte caraïbe, utilise des filets de longueurs variées (200 mètres pour les balaous, 300 mètres pour les coulirous) pour cibler le petit pélagique, notamment de mai à août.
La diversité des embarcations et des techniques de pêche sur la côte-sous-le-Vent témoigne de la richesse culturelle et écologique de cette région, tout en présentant des défis uniques pour les pêcheurs artisans.
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IV. Les défis de la pêche artisanale : Entre étroitesse du plateau continental et initiatives de développement
La pêche artisanale le long de la côte-sous-le-Vent de la Guadeloupe est confrontée à des défis majeurs, liés à la configuration géographique spécifique de la région. Cependant, des tentatives de développement et des plans de relance visent à dynamiser cette activité cruciale pour les communautés côtières.
A. Contraintes liées à l’étroitesse du plateau continental
L’étroitesse du plateau continental, limitant les zones de pêche productives, constitue l’un des principaux défis auxquels font face les pêcheurs de la côte-sous-le-Vent. La réduction de l’espace exploitable impacte directement la diversité des prises et la rentabilité de l’activité. Cette contrainte géographique nécessite une adaptation constante des pêcheurs pour maintenir la viabilité de leurs opérations.
B. Tentatives de développement et plans de relance
- Aides financières pour l’acquisition d’embarcations modernes – Face à ces défis, des plans de relance des pêches maritimes ont été mis en place. Ces initiatives comprennent des aides financières destinées à soutenir les pêcheurs dans l’acquisition d’embarcations plus modernes. L’objectif est d’améliorer l’efficacité des opérations de pêche tout en permettant une meilleure adaptation aux contraintes géographiques.
- Infrastructures et équipements portuaires – Parallèlement, des investissements sont réalisés dans le développement d’infrastructures et d’équipements portuaires. Cela inclut la construction de pontons, d’aires de halage, de chambres froides et l’installation de machines à glace. Ces améliorations visent à renforcer l’efficacité logistique des pêcheurs, en optimisant les conditions de débarquement, de stockage et de commercialisation des prises.
C. Résistance aux changements
Cependant, l’introduction de ces dispositifs de développement se heurte à plusieurs obstacles, principalement en raison de la mentalité préexistante des marins de la côte-sous-le-Vent.
- Vieillissement de la population et désintérêt des jeunes – La population maritime de la côte caraïbe présente un vieillissement marqué, et les jeunes générations expriment souvent un désintérêt envers la pêche. Perçue comme une activité difficile et insuffisamment rémunératrice, la relève générationnelle se tourne souvent vers d’autres horizons professionnels.
- Individualisme des pêcheurs – L’individualisme des pêcheurs constitue un autre défi, limitant parfois la collaboration et la mise en œuvre collective des initiatives de modernisation. La culture de l’indépendance peut freiner l’adoption de pratiques nouvelles au sein de la communauté maritime.
- Prépondérance de la poly-activité et des pêcheurs « marrons » – La poly-activité est répandue parmi les pêcheurs de la côte-sous-le-Vent, avec de nombreux individus exerçant plusieurs métiers simultanément. De plus, la présence significative de pêcheurs « marrons » (non-inscrits maritimes) contribue à la complexité de la mise en place de mesures unifiées.
En définitive, bien que les plans de relance soient conçus pour surmonter les défis géographiques, leur mise en œuvre effective est entravée par des facteurs culturels et sociaux spécifiques à la communauté maritime de la côte-sous-le-Vent. L’équilibre entre la préservation des traditions et la nécessité de modernisation demeure un enjeu central pour l’avenir de la pêche artisanale dans cette région.
V. Conclusion
La côte-sous-le-Vent de la Guadeloupe, bercée par les vagues de l’océan Atlantique, révèle un paysage maritime où la pêche artisanale est ancrée dans le tissu culturel et économique des communautés côtières. Toutefois, cette activité séculaire fait face à des défis majeurs, forgés par la géographie spécifique de la région.
L’étroitesse du plateau continental crée une mosaïque de zones de pêche, impactant la variété des prises et posant des limites à l’expansion de l’activité. Malgré ces contraintes, les pêcheurs de la côte-sous-le-Vent continuent de naviguer avec leurs embarcations traditionnelles, perpétuant un héritage ancestral.
Les tentatives de développement, caractérisées par des plans de relance ambitieux, visent à moderniser les pratiques et à dynamiser l’activité économique.
Les aides financières pour l’acquisition d’embarcations modernes et les investissements dans les infrastructures portuaires démontrent une volonté de surmonter les défis géographiques et logistiques.
Cependant, ces initiatives se heurtent à la résistance culturelle des pêcheurs, souvent attachés à des méthodes traditionnelles et réticents aux changements.
Le vieillissement de la population maritime, le désintérêt des jeunes générations, l’individualisme et la présence marquée des pêcheurs « marrons » complexifient la mise en place de solutions uniformes.
En conclusion, la côte-sous-le-Vent demeure un angle mort, en marge des principaux flux commerciaux et des pôles de consommation. L’équilibre délicat entre la préservation des traditions et la nécessité de modernisation définit l’avenir incertain de la pêche artisanale dans cette région. L’histoire continue de s’écrire sur les flots de la Guadeloupe, entre les traditions qui ont forgé son identité et les aspirations vers un avenir plus prometteur pour les générations à venir.
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