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Tatouage tribal : Mythes et Traditions Polynésiennes


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Le tatouage polynésien : un art traditionnel ancestral

Véritable joyaux de la Polynésie, le tatouage tribal a traversé les siècles sans perdre de sa splendeur. Habillant les corps d’hommes et de femmes, il est un symbole fort, chargé d’histoires.

Le tatouage polynésien : un art traditionnel ancestral
Le capitaine James Cook à Tahiti / Source : www.bridgemanimages.com

Pratiqué depuis plus de 3000 ans dans un rituel traditionnel ancestral, le tatouage polynésien est un livre ouvert contant la vie de celui qui le porte. Mais au-delà de sa célèbre géométrie, connaissez-vous vraiment la signification de ces motifs hypnotiques ? Origine, symbolique et pratique, partez à la découverte d’un héritage pas comme les autres !

Les origines du tatouage polynésien

La Polynésie se compose d’un vaste groupement d’îles situées dans le sud de l’océan Pacifique. On y compte quasiment 1000 îles, dispersées au cœur de l’Océanie. Parmi elles, on retrouve les plus connues : Tahiti, Hawaï, la Nouvelle-Zélande, les îles Samoa, Tonga et Cook, etc.

Les habitants des îles de Polynésie sont appelés les Polynésiens, ils partagent de nombreux traits communs tels que la langue, la culture ou encore les croyances.

Pour vous raconter l’histoire du tatouage polynésien, il convient de se replonger dans le passé. C’est en 1768 que James Cook, célèbre explorateur britannique, entame son premier grand voyage.

Il est chargé d’aller observer une très rare éclipse, provoquée par l’interposition de Vénus entre la Terre et le Soleil. C’est lors de cette première épopée que le navigateur découvre l’île de Tahiti ainsi que la Nouvelle-Zélande. Dans le récit de son premier journal de bord, le capitaine Cook évoque le mot « tattoo ».

Il explique alors que les autochtones qu’il a rencontrés sont recouverts de dessins sur le corps.

Près d’un an après son retour, la Royal Navy missionne de nouveau James Cook pour aller explorer les îles du Pacifique Sud. Il s’agit de la seconde expédition de l’explorateur. Après une traversée de huit mois à bord du « HMS Endeavour », le capitaine et son équipage arrivent en Polynésie. Joseph Banks, l’illustrateur naturaliste de Cook, retranscrit soigneusement les motifs qu’il perçoit sur les corps des hommes qu’il rencontre. Dans son journal, Banks écrit « j’évoquerai maintenant la manière dont ils se marquent de façon indélébile ».

Lors de son retour en Angleterre en juillet 1775, le capitaine Cook est accompagné d’un Tahitien nommé Omai, plus connu sous le nom de Ma’i.

Cet homme, couvert de tatouages, fascine le Royaume. Le clergé anglais se dit alors qu’il tient-là un peuple à évangéliser. Pour y parvenir, ils se mettent en tête d’éradiquer le tatouage, emblème des croyances polynésiennes.

On attribuera la première référence au terme de « tattoo » à James Cook, bien qu’il fût popularisé à la suite des écrits de Joseph Banks, lors du second voyage à Tahiti.

Le mot « tattoo » sera intégré au dictionnaire de l’Académie française en 1798, puis sera francisé sous l’appellation « tatouage » en 1858, avant de faire son entrée dans le dictionnaire de la langue française.

À l’origine, ce mot provient du terme « tatau » qui signifie « marquer », « frapper » ou « dessiner » en tahitien.

La légende des dieux

Le tatouage est un art difficile à dater et encore aujourd’hui, personne n’est parvenu à déterminer avec précision l’apparition des premiers motifs. En Polynésie, la légende raconte que le tatouage serait d’origine divine. C’est pendant le Pô que cet art aurait été créé, lorsque le créateur et père des dieux et des mondes, Ta’aroa, autorisa les âmes à retourner sur terre pour veiller avec bienveillance sur leurs familles. Ta’aroa avait deux fils : Mata Mata Arahu, signifiant « qui exprime avec le charbon de bois » et Tu Ra’i Po, signifiant « qui réside dans le ciel obscur ».

Hina Ere Ere Manua « Hina au caractère impétueux » était la fille de Ti’i « homme dieu », le premier homme et de Hina Maha’i Tua Mea « celle qui apaise toute chose », la première femme. Lorsque Hina Ere Ere Manua devint une jeune femme, les deux dieux en tombèrent amoureux. Un jour, ils aperçurent Hina qui sommeillait au pied d’un arbre au milieu d’un enclos qui la préservait de tout contact.

Elle était ainsi retenue, car Ti’i voyait d’un mauvais œil le fait que des garçons s’intéressent à sa fille.

Le lendemain, Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po se présentèrent à elle et lui dirent combien elle leur plaisait.

Hina obéissant à ses parents leur répondit qu’elle n’était pas autorisée à leur parler et qu’ils ne devaient pas rester là, sous peine de provoquer la colère de son père. Les deux frères parcoururent la Terre et revinrent le lendemain, les bras chargés de présents : fruits rares, colliers de perles, nacres fines et mets délicieux. Mais une fois de plus, Hina refusa l’offre des dieux. Alors, à court d’idées, les deux hommes se tournèrent vers le dieu Tohu « celui qui prophétise », créateur des dessins, couleurs des poissons et des coquillages. C’est ainsi qu’il les initia aux secrets de la beauté et créa le tatouage. Il inventa et fabriqua des outils faits d’os et de bois ainsi que de l’encre bleutée qui les embellirait. Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po s’ornèrent d’un motif appelé « Tao Maro Mata » et retournèrent séduire Hina. La jeune femme fut subjuguée par la beauté des tatouages et trompa la vigilance de ses parents pour s’enfuir avec les deux frères. Elle fut à son tour tatouée.

Plus tard, d’autres hommes trouvèrent cette pratique fascinante et décidèrent de l’utiliser en abondance afin de s’embellir pour attirer la bienveillance des dieux et plaire à leurs semblables.

La renaissance d’un art

Après la découverte du tatouage et le souhait des missionnaires britanniques d’évangéliser le peuple polynésien, plusieurs dispositions sont prises. En 1819, le code Pomaré voit le jour. Il s’agit du premier registre concernant les lois tahitiennes. Cette nouvelle législation interdit désormais la pratique du tatouage. En effet, celle-ci est décrite comme « l’art du diable » et jugée « barbare » du fait des outils avec lesquels les motifs étaient réalisés. La loi stipule ainsi : « celui qui utilise sur la peau le peigne à tatouer sera puni ». Entre-temps, d’autres traditions polynésiennes se voient bannies, telles que la nudité, les danses, les chants et les parures de fleurs, toutes considérées comme impudiques

.

Pendant plus de 150 ans, la culture polynésienne fut passée sous silence. Il aura fallu attendre les années 1980 pour redécouvrir le tatouage et cela, grâce aux croquis et aux notes de Karl Von Den Steinen, explorateur, médecin, philologue et ethnologue allemand. Karl avait réalisé les schémas de plus de 400 tatouages polynésiens. La découverte de ces reproductions a permis à quelques pionniers de réhabiliter cet art, notamment durant les fêtes de Tiurai, la fête nationale tahitienne.

Désormais revenu au goût du jour, le tatouage est rapidement devenu populaire auprès des jeunes Polynésiens. La majorité souhaitait un retour aux valeurs culturelles et traditionnelles, symbole d’une identité retrouvée.

Extrait des croquis de Karl Von Den Steinen / Source : OpenEditionBook

Le signe d’une appartenance indélébile

Il existe différents termes pour évoquer le tatouage tels que « polynésien » ou « tribal ». En revanche, il est fréquent d’entendre parler de « tatouage maori », à tort. En effet, cette appellation se rapporte directement à un peuple, celui de Nouvelle-Zélande. C’est également le cas pour les tatouages samoans (îles Samoa), marquisiens (îles Marquises), tongiens (îles Tonga), tahitiens (île de Tahiti), hawaïens (îles d’Hawaï), wallisien et futunien (îles Wallis et Futuna), etc. Les tatouages polynésiens varient d’île en île et cela dépend aussi du degré d’évolution des traditions. Cependant, toutes ces variations appartiennent à la grande famille des tatouages tribaux avec laquelle elles partagent une géométrie similaire. On y retrouve des triangles, des cercles, des spirales, des frises, etc.

La symbolique de cet art ancestral est puissante. Depuis toujours, le tatouage polynésien est un marqueur social important. C’est une façon de communiquer, de donner une information sur sa personnalité ou ses origines, de démontrer son appartenance à un territoire, une famille, un rang social, etc. En Polynésie, les croyances et la force spirituelle sont ancrées dans les mœurs. C’est pourquoi, en plus d’être un élément essentiel à la valorisation de l’homme, le tatouage tribal est aussi un signe de protection contre les esprits maléfiques.

À l’époque, se faire tatouer était un signe extérieur de richesse et de pouvoir destiné à l’usage des classes sociales de rang élevé. Il y avait trois types de tatouages tribaux : ceux des dieux, des prêtres et des princes, qui étaient héréditaires et donc réservés à leurs descendants, ceux réservés aux chefs de clan et le troisième type qui était réservé aux chefs de guerre, aux guerriers et aux danseurs.


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Le rite ancestral du tatouage polynésien

Se faire tatouer est une cérémonie sacrée dans la culture polynésienne. Dans le temps, seuls les shamans étaient autorisés à pratiquer cet art. L’emplacement du tatouage sur le corps avait aussi son importance. Avant de se faire tatouer, la personne concernée devait observer une longue période de purification et d’abstinence sexuelle.

Le fait de se faire marquer de façon indélébile annonçait l’accomplissement de rituels sociaux importants, tels que le passage de l’enfance à la puberté, le mariage, etc. Généralement, les hommes se faisaient tatouer très tôt, entre 11 et 12 ans. En revanche, il fallait attendre plusieurs dizaines d’années pour qu’ils puissent compléter leur panoplie, les tatouages représentant des moments forts de leur existence.

Plus un homme était tatoué, plus son prestige était grand, contrairement à ceux qui n’en avaient pas et étaient méprisés.

Chez les femmes, le tatouage était plutôt destiné à séduire.

Les jeunes filles étaient marquées dès l’âge de 8 ans afin d’avoir déjà des tatouages à la puberté et être en mesure d’attirer l’attention des hommes. Il était obligatoire pour une femme de se faire tatouer la main droite dès ses 12 ans afin de pouvoir préparer la nourriture et la consommer avec les autres membres de la communauté.

Les mains et les doigts étaient donc recouverts de motifs particulièrement fins et travaillés. D’autres parties du corps pouvaient être marquées telles que : les oreilles, le contour des lèvres, les bras, les épaules et le bas du dos. Seules les femmes de haut rang avaient le droit d’avoir des tatouages sur les jambes. En revanche, toutes celles qui refusaient cet ornement étaient considérées comme laides et repoussantes.

La technique de marquage et la signification des emplacements et des motifs

Traditionnellement, le tatouage polynésien était réalisé à l’aide d’un peigne fait de dents de requin, d’os ou d’écailles de tortue fixée à un manche en bois. Le peigne était trempé dans une encre à base de charbon de noix de bancoulier et elle était diluée dans de l’huile de coco ou de l’eau.

Pour tatouer, de simples marques faisaient office de lignes directrices. Pour faire pénétrer l’encre sous la peau, le peigne était frappé avec un burin pour que les dents transpercent la chair. Cette technique de tatouage était extrêmement douloureuse, à tel point que le shaman devait être aidé par des membres de la tribu pour tenir le tatoué et tendre sa peau. Leurs rôles étaient également de chanter et de danser au son des tambours, flûtes et autres instruments traditionnels pour apaiser sa souffrance.

Outils traditionnels pour la réalisation des tatouages polynésiens / Source : Tahiti info & Tahiti Tourisme

Les séances de tatouage étaient très longues et duraient jusqu’à la tombée de la nuit ou jusqu’à ce que l’homme ne puisse plus supporter la douleur.

Si le tatouage n’était pas fini, le rite reprenait le lendemain et ainsi de suite, à moins que la peau enflammée nécessite quelques jours pour guérir. Lors de chaque cérémonie de marquage, les esprits étaient invoqués et les dieux du tatouage Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po, étaient présents sous la forme de sculpture de bois, pour rendre le tatouage parfait.

Le processus pouvait durer plusieurs mois et lorsqu’il était terminé, la peau devait être lavée à l’eau salée et massée pour éviter les infections et éliminer les impuretés. Par la suite, la famille du tatoué l’aidait à célébrer sa nouvelle vie et participait au processus de guérison en l’aidant dans les tâches du quotidien, car la douleur était telle, qu’il était difficile de marcher ou de s’asseoir. Il fallait attendre environ 6 mois pour voir les premiers motifs apparaître sur la peau et compter près d’un an pour une cicatrisation complète.

En 1986, le ministère de la Santé a interdit la pratique du tatouage avec des outils traditionnels à cause des problèmes liés à la stérilisation des objets et les graves infections que cela pouvait engendrer.

La signification de l’emplacement

La place du tatouage sur le corps joue un rôle important dans la culture polynésienne. Chaque partie du corps est liée à une signification bien spécifique.

Le haut et le bas du corps sont considérés comme un lien entre la terre et le ciel : la partie supérieure est liée au ciel (Rangi) et la partie inférieure est liée à la terre (Papa). La légende raconte que le corps humain est considéré comme un lien entre Rangi et Papa et que la quête de l’homme serait de retrouver cette union.

Les bras font référence à la généalogie, le dos au passé, et l’abdomen au futur.

Pour ce qui est du genre, la droite est associée aux hommes et la gauche aux femmes.

On répertorie 7 emplacements :

  1. La tête
  2. Le tronc supérieur
  3. Le tronc inférieur
  4. Le haut des bras et les épaules
  5. Les avant-bras et les mains
  6. Les jambes et les pieds
  7. Les articulations

La signification des motifs

Si l’emplacement des tatouages à une signification particulière, le motif a également son importance. On trouve des animaux, des objets, des éléments naturels, etc.

13 motifs répertoriés sont très fréquemment tatoués :

  • Le Tiki
Le tiki / Source : tatoo-tatouage.com
  • La tortue
La tortue / Source : stockphoto
  • La carapace de tortue« 
phoLa carapace de tortue / Source : stocto
  • La croix marquise
  • Le soleil
La croix marquise / Source : stockphoto  / Le soleil / Source : stockphoto
La croix marquise / Source : stockphoto / Le soleil / Source : stockphoto

  • L’Océan
L’océan / Source : stockphoto
  • La dent de requin
La dent de requin / Source : stockphoto
  • Le lézard ou le gecko
Le lézard ou le gecko / Source : stockphoto
  • Les pointes de lances
Les pointes de lances / Source : stockphoto
  • Enata
Enata (figures humaines) / Source : tatoo-tatouage.com
  • La raie manta
  • Le dauphin
La raie manta et le dauphin / Source : stockphoto
  • Le poisson

Aujourd’hui, le tatouage polynésien a conquis le monde et bien que les techniques se soient modernisées, le savoir-faire ancestral est resté intact. Désormais, de nombreux tatoueurs utilisent la méthode du travail au point, appelée « dotwork ». Elle est la représentation contemporaine du mode d’encrage traditionnel. Maintenant vous le savez, le tatouage tribal c’est une histoire pleine de sens, des motifs intemporels et un marquage unique, impossible à copier, qui vous appartiendra pour l’éternité.

Le poisson / Source : dreamstime.com


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